Premier voyage écotouristique à Raivavae

Tahiti et ses îles – Ecotourisme à Raivavae – Archipel des Australes
L’association Polynésienne « Te ui tama no ragnivavae » (signification en français – projet pour la jeune génération de l’île de Raivavae) accueille ses premiers écotouristes genevois sur son île
Partis depuis Genève le dimanche 16 septembre les premiers écotouristes de notre région ont séjourné un mois sur l’île paradisiaque de Raivavae dans l’archipel des Australes (650 km de Tahiti) et ne sont pas prêts d’oublier leur voyage. Tant d’émotions, d’images, de souvenirs merveilleux et d’instants magiques qui ont contribué au total succès de cette expédition tant au niveau des genevois qu’au niveau de toute la population de Raivavae qui s’est fortement impliquée dans ce projet d’écotourisme, tout simplement Bravo!
Avant de vous conter ce périple il est important d’expliquer notre choix qui s’est porté sur Raivavae. Bien que rien ne doit être enlevé aux autres très belles îles de Polynésie, Raivavae nous a tout de suite plu par son caractère unique et authentique, enchanté par ses beautés naturelles et charmé par la simplicité et la gentillesse de sa population. Délaissée et négligée par le tourisme traditionnel, absente des guides des tours opérateurs Raivavae n’a pourtant rien à envier aux autres îles dont la fameuse Bora Bora qui a tant inspiré le cinéma hollywoodien et mérite que ses trésors innombrables soient connus et découverts pour peu que l’on s’y intéresse.
Raivavae a tout d’abord été une trouvaille inopinée en 2005 parmi les 118 îles que compte la Polynésie française dont Tahiti l’île principale où se trouve Papeete la capitale. Une suite de heureux hasards et rencontres impossibles à prévoir, telle que la venue des enfants de l’île en 2009 à Genève tout simplement inoubliable a fait le reste et le choix de Raivavae pour l’écotourisme s’est naturellement imposé. Effectivement, cette île a elle tout seule recense toutes les valeurs, les traditions et les beautés de la Polynésie d’antan, seul un développement doux et réfléchi peut l’aider à conserver son patrimoine culturel et naturel dans des bonnes conditions. (Voir article «Tahiti et ses îles – Ecotourisme à Raivavae»)
Le cadre de l’écotourisme étant fixé notre premier groupe genevois est donc arrivé sur l’île de Raivavae le lundi 19 septembre en fin d’après midi après une bonne nuit de repos et un déjeuner copieux à l’hôtel Beachcomber de Papeete.
Nul ne peut dire ce qui c’est passé dans les têtes de ces premiers écotouristes à leur arrivée à Raivavae tant l’accueil a été chaleureux et émouvant. Couronnes de têtes, somptueux colliers de fleurs, danses et musique polynésienne (on entendait déjà les percussions des toere et des pahu dans la cabine de l’avion, alors que les hélices tournaient toujours) discours impressionnant de la part du Président de l’association Jimmy Opeta, en langue Raivavae invoquant la protection pour tout le séjour du grand dieux des anciens: Tane mata ara ite ao, puis celui de l’administrateur des Australes pour le pays,Ingrid Drollet et enfin le Maire, Bruno Flores puis une très grande partie de la population de l’île venue à l’aéroport se mêlant à la liesse, un buffet de fruits, plats et produits locaux pantagruélique, bref un accueil grandiose à l’arrivée laissant pantois de surprise nos genevois intimidés.
L’accueil
L’implication de la population de Raivavae et de l’association Te ui tama no ragnivavae a été tellement forte, la générosité de tous, immense et l’abondance de fêtes, de repas somptueux et d’attentions particulièrement chaleureuses qu’il me sera difficile de tout décrire dans le détail tant les moments forts, marquant les genevois ont été nombreux.
Moments forts invoquant tout à fait le désir de la population de Raivavae et surtout ses jeunes de garder intactes leurs traditions et coutumes ancestrales d’une part et de continuer à protéger et préserver le potentiel naturel extraordinaire de cette île paradisiaque ainsi, c’est bien au cours des journées à thème, consacrées au manioc, au ti, à la banane, au taro à la pirogue, ainsi qu’à la visite des nombreux marae que les genevois ont pu comprendre et découvrir l’authentique Raivavae. Les journées à thème étant organisées par chaque village de l’île, le séjour des genevois était aussi consacré à la découverte des superbes motu bordant le vaste lagon de l’île ainsi qu’à l’ascension du mont Hiro.
Immersion dans l’authentique Raivavae – Les journées à thème
Très importantes pour l’écotourisme à Raivavae les journées à thèmes ont rythmé harmonieusement le séjour des genevois et permis à la population de l’île de mettre en valeur avec une grande fierté leur savoir faire et leurs traditions ancestrales.
Ainsi, pendant la journée du manioc les habitants du district de Rairua ont pu organisé un atelier consistant à extraire l’amidon du manioc comme cela se pratiquait il y a encore 2 décennies.
C’est ainsi qu’ils ont mis à contribution les genevois à l’arrachage, le découpage et la préparation des racines de manioc (sans oublié le bouturage) pour râper celles-ci en vue de l’extraction naturelle de l’amidon par un procédé simple de pressage et d’essorage, gestes ancestraux qui n’ont pas manqué d’émouvoir Apa, président sexagénaire d’une association sportive, animateur de surcroît de cette journée qui revivait les gestes et les pratiques de sa jeunesse.
Aliment et ingrédient de base entrant dans la préparation de nombreux plats polynésiens, le manioc est central à Raivavae, jadis des champs importants de manioc étaient cultivés. De nos jours il est plus aisé d’aller acheter son paquet d’amidon (importé) à l’épicerie et les champs ont été abandonnés à la végétation luxuriante de l’île.
La journée du manioc
La journée du Ti préparée et présentée par les jeunes du district de Anatonu a mis en évidence la préparation du fameux four traditionnel et c’est avec beaucoup d’énergie et de volonté que ces jeunes ont montré toutes les étapes du four et de la préparation du ti (douceur typique de Raivavae habituellement consommée aux grandes occasions et fêtes de fin d’année) dont la base est la racine de la plante de Cordyline fruticosa encore appelée karokaro ou rauti dans l’archipel des Australes. C’est avec un grand intérêt que tous ont suivis cette préparation dont la cuisson des racines a nécessité 3 jours avant l’extraction de son jus.
La journée du ti
Principaux éléments de l’alimentation des raivavae, la banane et le taro ont fait l’objet également de journées à thème très intéressantes et c’est avec beaucoup de curiosité et d’intérêt que les genevois ont pu assisté au murissement des régimes de bananes dans un four spécial creusé à même le sol par exemple ou alors visiter les plantations de taro, très importantes dans l’île, dont la consommation des feuilles et des racines sont très appréciée par les habitants.
La journée de la banane et du taro
C’est à travers la journée de la pirogue organisée par le district de Mahanatoa et les différentes étapes de sa construction que les genevois ont saisi l’importance majeure de la pirogue polynésienne. Véritable symbole du passé glorieux polynésien, elle est encore fabriquée traditionnellement de nos jours à Raivavae et très utilisée dans le lagon pour la pêche ou les déplacements sur les motu.
La journée de la pirogue
Ces journées à thème étaient toujours organisées de façon récréative, un déjeuner copieux composé de produits locaux était très souvent servi au bord du lagon, agréablement accompagné de musique polynésienne et de gens incroyablement généreux toujours prompts à donner. Ce qui nous amène aux repas somptueux que les polynésiens ont servis à nos genevois pendant toute la durée de leur séjour.
Immersion dans l’authentique Raivavae – Les repas somptueux à base de produits locaux
Nature intacte, luxuriante et généreuse, l’île de Raivavae est aussi l’île de la profusion et de l’abondance des produits locaux dont les raivavae se régalent.
Profusion de fruits et légumes, abondance de poissons et crustacés du lagon, de la barrière de corail et du Pacifique, les genevois ont découvert les nombreux produits locaux et savouré l’ excellence de leur goût et de leur exotisme à l’occasion des multiples repas et fêtes organisés par les quatre districts de l’île. Très apprécié et spectaculaire aussi, le four polynésien.
Melting pot très réussi des goûts et des saveurs, les tablées toujours décorée de façon exquise, les genevois n’en sont toujours pas revenus de cette extraordinaire abondance et comme un corps bien nourri rend l’âme joyeuse, c’est avec beaucoup d’entrain que certains ont esquissé des pas de danses sur fond de ukulele, guitare, toere et pahu et de chants traditionnels gais et entraînants.
Les repas et les produits locaux
Immersion dans l’authentique Raivavae – Les fêtes – La musique et la danse
La musique, la danse et les chants toujours présents à chaque occasion, les raivavae n’en perdent pas une et c’est dans la bonne humeur et la joie générale que nos écotouristes ont pu s’égayer tout au long de leur séjour. Il faut dire qu’à Raivavae ces disciplines s’apprennent dès le premier âge et que pratiquement tous les habitants savent danser, jouer d’un instrument et même chanter.
C’est ainsi, lors des cultes par exemple, que les genevois ont été agréablement surpris part l’intensité et l’harmonie des himene (mélange de des hymnes religieux des premiers missionnaires protestants et des chants polyphoniques polynésiens qui avaient cours avant l’arrivée des européens) et des pupu himene (regroupement de nombreux chanteurs et chanteuses issus d’une même paroisse protestante dans laquelle, selon le nombre des individus, il peut y avoir de six à dix voix superposées).
Mais c’est aussi à l’occasion des nombreuses fêtes et de repas que nos genevois, envoutés par les rythmes des toere et des pahu, charmés par les danses et les chants ont pu réellement apprécié et participé à la joie collective des polynésiens. C’est ainsi que des moments très intenses de bonheur et d’euphorie ont été échangés lors des shows organisés par les différents districts en liesse.
Les fêtes, la musique et la danse
Immersion dans l’authentique Raivavae – Les marae – La découverte des sites naturels – Les motu – Le mont Hiro
Que l’on soit à pied, à vélo, en bateau ou bien en avion, ce qui frappe le visiteur de l’île Raivavae en premier, ce sont les sites naturels.
Des paysages extraordinaires, ils n’ont en jamais vu comme ceux de Raivavae déclarent Vreny et Gérard un couple de grands voyageurs qui, au bout d’un mois de séjour sont encore chaque jour éblouis. (Voir article dans «Les Nouvelles de Tahiti»)
Sa montagne, comme une dentelle qui brode le ciel et la terre et dont les pics accrochent le regard, ses motu, enchâssés dans la barrière corallienne brisant les vagues venant de l’océan Pacifique, son gigantesque et magnifique lagon, l’île de Raivavae se dessine au fur et à mesure de la promenade en bateau et ne se découvre pas forcément d’un simple coup d’œil à l’arrivée en avion et il faut bien un mois voire plus pour découvrir toutes ces merveilles.
C’est ce que les genevois ont fait durant leur séjour sur l’île, et parmi les nombreuses activités proposées, les sites naturels de Raivavae se sont imposés tout simplement.
C’est ainsi que les marae, anciens lieux de cultes encore très présents dans l’esprit des raivavae ont été découverts, que les motu ont été explorés et que des nuitées ont été organisées, et que parmi les autres sites naturels nombreux, le Mont Hiro a été gravi laissant découvrir depuis son sommet les panoramas extraordinairement beaux et grandioses du lagon, des motu, de la barrière de corail et puis, tout autour à 360º l’immensité du pacifique à perte de vue.
Les sites naturels: Les marae, les motu et le mont Hiro
En conclusion, et si vous souhaitez soutenir ce projet, venez donc passer un mois à Raivavae.
Les raisons pour venir sont nombreuses, pour commencer, votre satisfaction personnelle d’aller passer des vacances dans un tel endroit, ensuite un besoin particulier d’entrer en contact avec des populations différentes de celles que l’on connaît, proprement dit, la curiosité des autres et encore la volonté de préserver sur cette terre des lieux ou des populations vivent en totale osmose avec leur environnement.
Les erreurs à ne pas commettre, venir à Raivavae alors que vous cherchez le tourisme de Bora Bora mais que vous n’en avez simplement pas les moyens financiers car même si les lieux sont aussi beaux à Raivavae qu’à Bora Bora l’humanité de la population de Raivavae, sa chaleur et sa simplicité ne peuvent absolument pas se confondre avec les prestations de luxe d’un palace: chacun ses goûts, chacun ses quêtes.
Ce qu’il ne faudrait pas, c’est aussi aller à Raivavae uniquement pour profiter de ses plages de corail de son lagon turquoise et de ses poissons multicolores. Raivavae bien entendu offre cela mais plus encore car elle veut partager avec vous le mode de vie de ses habitants, la simplicité et la richesse humaine de ses repas et de ses fêtes.
Si vous êtes donc capable d’identifier et de vous intéresser à la vie d’un peuple vivant largement en autarcie et en totale adéquation avec son environnement préservé, Raivavae est la destination qui vous correspond et qui vous comblera bien au-delà de toutes vos espérances.
Jean-Luc Baron et Pierre Bucheli
Le départ
Bonjour,
Un petit mot pour vous remercier du fond du coeur de raconter l’île de Raivavae comme vous le faites sur ce blog et aussi de la faire découvrir autrement qu’au-travers des clichés de cartes postales qui font si peu honneur aux populations des îles paradisiaques que forme la Polynésie, mon Pays chéri.
Je suis la petite-fille de Tetuaura OPUTU, dit « Pa », dont vous avez peut-être entendu parler in situ.
Mon grand-père a été maire de l’île jusqu’à son décès survenu le 15 août 1997.
Mon père est son fils unique mais le coeur de mon grand-père était suffisamment grand à l’instar de sa générosité pour y faire une place à tout un chacun, de sorte qu’il considérait l’ensemble des habitants de l’ile comme ses enfants.
Il sera hélas parti trop tôt…et depuis lors l’île est desservie par Air Tahiti, ce à quoi il s’est toujours opposé de son vivant.
Pour ma part, je ne connais pas Raivavae aussi bien que je le souhaiterai mais ai l’opportunité d’y passer qques jours au mois de septembre dans le cadre de mon activité professionnelle.
Peut-être nous y verrons nous, le hasard fait -parfois- bien les choses 🙂
Je souhaite une bonne continuation et une longue vie à votre association.
Bien à vous,
Lorna OPUTU